Plan de situation (cliquez pour agrandir)

Grenade

Accueil ] Le bateau ] L'équipage ] Souvenirs... ] Trucs et astuces ] et les [ Dernières nouvelles ] !!!


FIN !
St Barth
St Martin
Remontee (Nord)
MeridaLosLlanos
Puerto La Cruz
Laguna Grande
Golfo de Cariaco
Margarita
Los Testigos
Ivan le terrible !
Cyclone ou pas ?
Chantier
Vers le Sud
Bequia
Mayreau
Tobago Cays
Union
Cariacou
Grenade
Tobago
Jour J
J-0
J-7 !
J-12
J-15

La belle fleurie, l'île aux épices !

Grenade, Mai 2004

Départ de Tobago, Charlotteville, le jeudi 27 mai à 19h, pour une traversée qui devrait durer 12h, à destination de Grenade. Normalement, tout aurait du bien se passer.......... sauf que bien sûr, ça été encore une grande aventure !

Ainsi donc, nous voilà partit en début de soirée pour une nouvelle nav, le regard dirigé vers le lointain, le coeur et l'esprit en éveil, plein de courage.....!  Au bout de quelques minutes, première constatation : malgré ce que nous avait "promis" la météo, la mer est plutôt pas mal agitée, la houle est bien là... Je commence déjà à pâlir, le coeur menaçant de passer par dessus bord.... se pose alors l'éternelle question fatidique de ces moments là : "qui c'est qui descend à l'intérieur faire à manger ???"  Fred se dévoue.

carte2.jpg (40325 octets)

La nuit commence, Fred prend le premier quart, et finalement voudra tenir jusqu'au bout de la nuit alors continue sur les autres, il barre il barre sans relâche, les vagues étant trop grosses pour permettre la mise en place du pilote automatique. Je veille à côté, le mal de mer s'est emparé de moi malgré les médocs pris, je somnole, en me prenant quelques mini-déferlentes de temps en temps, histoire de pas vraiment s'endormir quoi !

Au petit matin j'ai juste le temps d'apercevoir la taille des vagues avant de prendre la barre à mon tour. Elles sont monstrueuses, des creux de 5 mètres font osciller Ti'Bouchon, on les prend de 3/4 arrière mais on les sent quand même.... Afin de pouvoir mieux manoeuvrer le bateau qui "part au lof" (=grande embardée incontrôlable) à chaque vague, je vais installer l'étai largable et le tourmentin, manoeuvre toujours un peu stressante dans ces conditions là..... et en plus je me fais attaquer par des hordes de petits poissons volants, ces idiots sautent sur le pont du bateau et n'arrivent pas à repartir, finissant par y mourir. Fred commence à son tour à ne pas se sentir bien, comment ne pas avoir le mal de mer avec ces mouvements de droite à gauche, d'arrière en avant, de droite à gauche, d'arrière en avant, etc......... Fred se repose, essaye d'oublier ce dur moment.... Moi je barre et je guette, on devrait déjà la voir cette île...?

L'île n'est pas encore là, il reste encore du chemin à faire, le vent faiblit et le mer est toujours aussi formée. On remet le génois, histoire d'avancer un peu quand même. Je pense que sur un bateau de plus grosse taille, on sentirait un petit moins le passage des vagues, et on serait un peu moins trempés, du coup ça serait quand même plus agréable, non? Bref, arrêtons de rêver, on est bien sur ce 8 mètres, et on en chie....... Un premier grain nous arrive dessus, de taille raisonnable, tout va bien. D'après le GPS, l'île serait à moins de 20 miles de nous, pourquoi ne la voit t-on pas?  On avance, on avance, c'est une évidence...., 17 miles, et toujours rien, 15 miles et encore rien, on aperçoit au fond un nuage de brume, serait-elle là-dessous???? Enfin à presque 10 miles, on commence à l'apercevoir, l'île de Grenade, notre salut, vite, y arriver vite please, on n'en peut plus, il est midi, cela fait déjà 16h qu'on se fait secouer dans tous les sens, y'en a assez !

carte5.jpg (53292 octets)

Et non..... c'était sans compter ce que l'on voit se profiler à l'horizon, un autre grain, plus impressionnant celui là. Illuminée par un sentiment de déjà vu (expérience antérieure des Glénans), je préconise une affalage du génois, et bordage de la grand voile au max.... ça y est, nous sommes dedans, en plein dedans, en quelques secondes la pluie est sur nous, le vent arrive dans tous les sens, de toutes les forces, plus rien n'est contrôlable, le bateau paraît stoppé en pleine mer, bonne intuition pour les voiles, on a sûrement du éviter un déchirage de voiles... Je suis scotché à la barre, barre droite, essayant de maintenir un semblant de direction....illusoire, la mer nous emmène où elle veut.... Dommage pour la photo, Fred et moi dehors, en ciré, sans rien pouvoir faire qu'attendre que ca passe, sous la pluie, sous des gouttes de pluie tellement grosses qu'on dirait qu'il grêle, la mer est grise argentée, magnifique malgré tout, comme perlée de diamants...... eh oui mon âme de poète ressort dans les pires moments ! Ce grain aura durer entre 15 à 10 minutes, mais je crois qu'on s'en souviendra. On lira plus tard qu'il existe effectivement 2 types de grains, les grains noirs, "provoquant un obscurcissement et une pluie souvent abondante, les rafales de vent y sont modérées et de courte durée", et les grains blancs "à l'avant du phénomène, de fortes précipitations et de violentes rafales créent un jaillissement de particules d'eau formant une ligne blanche. Sous ce type de grain les rafales de vent peuvent atteindre 35 à 40 noeud au max", comme celui que nous avons eu [Guide Patuelli des Antilles].

Remis de ce petit contretemps, on approche de Grenade, et enfin de la baie de Prickly Bay, où on a prévu de mouiller. On entre dans la baie, enroulage du génois, démarrage du moteur, affalage de la grand-voile, jusqu'ici tout va bien........ et là panique, ce #X@&Z&"# de moteur chauffe à fond, il faut l'éteindre immédiatement  ! On se retrouve à proximité des bateaux (près de 100 voiliers au mouillage) sans voiles ni moteur, le bateau indirigeable...... après quelques cris désespérés de Fred et moi-même "mais qu'est ce qu'on fait maintenant, on va s'écraser contre les bateaux!", on relance en vitesse le génois, on déferle la grand-voile, et on repart au large........le moral est au plus bas, les vague recommencent déjà à nous agresser, on se voie repartir pour une navigation de nuit........ des pensées sombres nous envahissent l'un et l'autre "dés qu'on arrive on le vend de rafiot de merde!". On pense rechercher un autre mouillage, mieux protégé, car la chauffe serait peut être du au fait que la prise d'eau du moteur ne fonctionne pas bien avec ces vagues....? Fred se lance, en pleine mer, au démontage de la fameuse pompe à eau/refroidissement, rien ne semble aller mal à l'intérieur, on repart donc vers la baie, pour faire "un test"...... en gardant les voiles ce coup-çi, en les réduisant pour ne pas faire gîter le bateau, on relance le moteur.... ça va un peu, puis. ça chauffe encore, évidemment...... Moi je n'en peux plus, et je refuse de repartir encore au large! Très bien, on va se faire un mouillage à la voile, et c'est tout ! un peu stressé quand même, on s'approche des bateaux, mais pas trop, avec la grand-voile avec 3 ris et le génois que Fred enroule et déroule successivement selon la vitesse d'avancement. On arrive à se mettre bout au vent, le bateau ralentit suffisamment et on jette enfin l'ancre ! OUAIH ! Bon ok on est en plein milieu du chenal, mais faudra venir nous déloger à coup de canons pour qu'on en parte !

Fred plonge aussitôt .... dans le moteur et la pompe à eau, et découvre que celle-ci est capricieuse, un coup ça marche, un coup ça marche pas....après plusieurs essais, on remet le moteur en marche avec la pompe qui marche, et on remonte l'ancre pour enfin mouiller avec les autres bateaux, dans la baie plutôt qu'à l'entrée. Mouillage final vers 15h, soit près de 20h de traversée, au lieu de 12h ! Et tout ça pour Prickly Bay..................

Prickly Bay.......... charmant mouillage peut être à l'origine........ sauf que là, arrivant de Charlotteville assez sauvage, c'est un dur retour à la civilisation! Près de 100 bateaux se serrent dans cette petit baie, où l'eau n'est plus transparente (à cause des évacuations des bateaux...?), et le mouillage extrêmement rouleur, ça tangue et ça roule toute la journée, la nuit c'est pire le vent se lève........ nous sommes restés plus d'une semaine (à cause du moteur) dans ce mouillage, sans avoir jamais passé une "bonne" nuit. Les bateaux nous entourant sont énormes, les plus petit font entre 13 et 14 mètres, suréquipés (générateurs d'eau, éolienne "avion" qui fait un bruit insupportable, etc...). Il y a aussi quelques monstres, 18 mètres et quelques, et même un yatch d'environ 20 mètres...... et tous ricains (=américains), avec un peu d'allemands et de suisse, mais pas de français !

carte4.jpg (32243 octets)

La météo empire de jour en jour, pas question de partir d'ici avant que ça se calme, et de toute façon il fallait attendre les réparations du moteur : changement de l'alternateur pour un neuf, on a couru toute l'île pendant une journée pour en trouver un à peu près adapté, et recherche de solution pour la pompe à eau, puisqu'on ne trouve pas ici des turbines adaptées, résultat un compatriote français et mecano de surcroît nous dépanne avec un bricolage a la mac giver mais qui devrait tenir !!! Merci, merci Jean-Yves ! (il a son atelier juste a cote de budget marine pour ceux qui passeraient par là). Bref, galère de galère ce moteur, Fred passe ses journées la tête dedans, les mains dedans, et en a marre  ! ! !

On a aussi eu droit à des tempêtes, deux nuits de suite le vent s'est déchaîné, du coup on ne dormait pas mais on surveillait les bateaux d'à côté pour voir si nous ou eux ne se décrochait pas.... finalement tout le monde a tenu, nous avions tout de même enlevé notre taud de soleil afin de limiter la prise au vent.

Fred s'occupe de ce maudit alternateur.............Marie fait les comptes.............
Grenade Fredmoteur.JPG (37745 octets)

Grenade marietableacarte.JPG (34534 octets)

Enfin bref, de Grenade, nous retiendrons pour l'instant :

- les shipchandlers (au nombre de 2, très très bien fournis, nous y avons acheté chaîne+drisses+guides+divers),

- les garagistes (très nombreux et on en a fait pas mal....... voulant nous refiler des alternateurs de voiture énormes),

- les bus (très pratique, pas cher) et les taxi (arnaqueurs, très cher, bien qu'un bus nous ai aussi arnaqué.............),

- les supermarket (nombreux, avec tout ce qu'on veut à l'intérieur, même des produits français (si ! si !) et étrangers, plein de produits frais),

- les prix plutôt élevés de manière générale, que ce soit pour la bouffe, les fringues, le matos... il faut payer pour tout, pour avoir de l'eau, pour jeter une poubelle, pour aller aux toilettes, etc....

- la population plutôt sympa : toujours assez froids, mais serviables, les locaux assez sympas, avec le sourire plus facile qu'à Tobago c'est sûr.

- l'île, très belle, pleine de fleurs magnifiques, très propre, entretenue à l'anglaise avec des pelouses impeccables, des belles petites baraques, des paysages sur la mer très beaux.

Il ferait donc presque bon y vivre dans cette petit île, nous attendons de rencontrer des français vivant sur place pour avoir plus de retour et d'informations.

MC

CONTACT : ti.bouchon@free.fr