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Y'en a marre des cyclones, je croyais qu'on était à l'abri ici !?Cariacou, Septembre 2004 Après Chirley, Daniella, Earl, puis Frances qui fait encore des ravages en Floride, on pouvait s'attendre à être tranquille. Mais non, c'est pas fini, cela ne fait que commencer ! Et la partie s'annonce dure pour nous ce coup-çi, pas question d'y échapper ! C'est décidemment bien une année à cyclones ! Samedi 4 sept. Ivan est annoncé depuis 2 ou 3 jours. Tout le monde en parle, et surveille son évolution de près. En effet, anormalement par rapport à cette époque, il est situé très au Sud, à environ 10° Nord et 40° Ouest, soit un peu plus de 1000 miles nautiques de Cariacou (12,3° Nord et 61° Ouest). Même s'il monte, il ne devrait pas passer très loin de nous. Les premières prévisions parlent d'un passage autour de la Martinique et / ou de Ste Lucie, en début de semaine, mardi ou mercredi. Carte du NHC (National Huricane Center de Miami), prévisions de samedi à vendredi (5j) :Ti'Bouchon : pour l'instant RAS, si cela ce confirme on ira se réfugier dans la mangrove (l'abri anti-cyclonique de Cariacou), histoire de voir si les moustiques sont toujours aussi voraces.... Le bateau est à peine remâté, on vient de remettre les voiles, alors pour le désarmement on verra plus tard, il paraît que dans la mangrove on sent à peine le vent, ça devrait donc aller... Dimanche 5 sept. A l'écoute du bulletin météo d'RFI, ce matin à 7h40, surprise... aucune nouvelle d'Ivan, ils n'en parlent même pas ! Merci RFI, la radio du monde de la mer, tu parles ! Nous tentons de recevoir les fax météo via la BLU, la réception est mauvaise, mais suffisante pour voir que l'ouragan (eh oui ce n'est déjà plus une tempête) nous arrive dessus....en tout cas pas très loin de Cariacou, il devrait être là d'ici mardi, peut être dans la nuit de lundi à mardi. Pour confirmer ces infos, on va consulter les sites Internet de météo. Merci à M_t_o France Antilles, qui le samedi et le dimanche n'ont pas mis les prévisions sur leur site. Ben oui tu comprends c'est le week-end, alors cyclone ou pas ... Par contre le site du NHC est lui toujours au point et très précis (même s'il s'avère que leurs prévisions restent des prévisions de météorologue, c'est à dire... approximatives). Dans la baie les bateaux américains s'activent, puis ensuite les français, et c'est la ruée vers la mangrove. On décide d'aller y faire un tour en annexe pour repérer les lieux. Il y a deux zones séparées par une passe. Dans la deuxième mangrove, beaucoup plus grande et mieux protégée, seuls les bateaux ayant un tirant d'eau inférieur à 1m60 passent, à marée haute. Nous faisons tout juste 1m60, on va donc essayer de se trouver un passage. On sonde le fonds (avec une sonde à main), mais nous ne trouvons que quelques zones où ça passe, sans arriver à distinguer un véritable chenal..... que faire? Ça discute fort, ça gueule, l'heure passe et la marée redescend déjà, il faut prendre une décision ! Fred veut tenter, Marie non.......... des personnes tiers s'en mêle........ça gueule encore ! On retourne chercher Ti'Bouchon, et finalement on tente, on avance un peu, tout doucement, tout à l'air de bien se passer............. stop............ on touche.......ça y est, on est posé sur une sorte de roche ! Merde ! Au bout d'un petit moment à force de marche avant et marche arrière on arrive à se dégager, et l'on fait demi-tour, on retourne dans la première mangrove. Dans celle-ci, c'est déjà la cohue, des bateaux partout, on se repère une place qui n'a pas l'air trop mal, on se met cul face à la terre avec des bouts accrochés aux arbres de la mangrove, et on jette l'ancre au milieu.... On reste là. Des bateaux affluent de partout, des gros aussi, on espère qu'ils ne viendront pas se mettre à côté de nous, car s'ils venaient à se décrocher pendant l'ouragan ils nous écraseraient ! La mangrove se remplie, et pourtant on est seulement dimanche, il devrait arriver mardi, alors??? Sur Ti'Bouchon on s'active, on désarme le yacht ! On enlève les deux voiles, on enlève les cagnards, on enlève l'éolienne, cette fois-çi on va jusqu'à enlever tous les bouts, poser la bome sur le pont, rentrer les bidons d'essence, tout ranger à l'intérieur pour que rien ne tombe, haubaner l'arceau pour plus de sûreté. Ça bosse dur dur, jusqu'à la tombée de la nuit ! Un cyclone c'est deux jours de boulot avant, du stress pendant, et deux ou trois jours de boulots après ! Les mâts cachés dans la mangrove / Les rangées de voiliers amarés/ Fred qui demêle les bouts / Ti'Bouchon ammaré tout à gauche de la rangée de voiliersLundi 6 sept. Notre position n'est pas bonne, le safran risque de toucher le fond si la marée cyclonique est trop importante (marée cyclonique qui s'avèrera plus haute et plus basse d'environ 70 cm), on retourne le bateau, nez face à la mangrove. On s'amarre au bateau voisin, Bazar, et à l'avant dans la mangrove avec six bouts; on jette deux ancres à l'arrière, puis notre troisième ancre, la toute petite, celle de l'annexe, est "empennelé" avec celle du voisin et on la jette aussi. On continue à tout virer en extérieur du bateau, à tout ranger, encore une journée entière de préparation ! La baie de Tyrell est vide, plus aucun bateau ! On fait les dernières provisions, eau et bouffe, on reprend la météo, et on repart vite fait au bateau pour tenter de passer une bonne nuit avant d'affronter Ivan le terrible ! Carte du NHC, prévisions de lundi à jeudi (5j) :Photo satellite :Position à 15h UTC soit 11h locale (info Météo France) : 11,20 Nord et 53,4 Ouest, s'intensifiant, déplacement 280° à 19 noeud, vents maximum 110 noeuds, rafales 135 noeuds. Evolution : positions prévues pour le 7 à 0h UTC par 11,8 Nord et 56,10 Ouest, à 12h UTC par 12,7 Nord et 59,5 Ouest, le 8 à 0h UTC par 13,7 Nord et 62,7 Ouest. Mardi 7 sept. Position à 6h (info de Cariacou sur la FM 92.30) : center of the hurrican : 11,5 Nord et 58,5 Ouest, 140 miles de la Barbade, direction zone de Cariacou, Grenade, mais où exactement ? Personne ne peut le prédire. "Lighter stronger", 8 miles/h. Merde ! Il a ralenti et n'est pas monté comme prévu. Il va nous passer dessus ! Fred va comparer nos infos météo avec d'autres bateaux, et revient avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : d'après sa vitesse et sa direction, il ne devrait pas passer directement sur Cariacou, mais plutôt sur Grenade. La mauvaise : on va se prendre sa partie Nord, là où les vents sont les plus forts (demi-cercle dangereux). Enfin ça bien sûr c'est encore du théorique, comme d'hab.....l'ambiance reste tendue ...et si il remontait tout d'un coup ? Position à 10h30 (info VHF) : 11,8 Nord et 60,2 Ouest, direction 280°, 963 Hpa de pression au centre, vent 100 noeud. Position à 11h (info FM 92.30) : 11,8 Nord et 60,2 Ouest, à 45 miles au Nord-Est de Tobago, se déplaçant vers l'Ouest à 18 miles/h. Ouragan de classe 3, 963 Hpa de pression au centre. Les îles de Bonaire et Curaçao se mettent en alerte cyclonique. L'oeil du cyclone se dirigerait vers le Nord de Grenade. D'après nos calculs, il devrait donc passer à 30 miles de Cariacou. Pas très très loin donc........... Du coup, on se décide enfin à enlever le panneau solaire qu'on venait juste d'installer......dans la hâte, car cela peut commencer d'un moment à l'autre, on coupe les fils, on a pas assez de temps pour tout démonter proprement, tant pis ! 13h. Ça y est, ça commence. Le vent augmente au fur et à mesure, il commence à siffler dans les éoliennes encore en place, les haubans, les mâts. Les rafales sont de plus en plus impressionnantes, et soulèvent des quantités d'eau. On s'enferme à l'intérieur de Ti'Bouchon. On "serre les fesses" et on attend que ça passe...... mais ça ne passe pas....... au contraire, ça forcit ... mais pour l'instant, cela reste dans la limite du déjà vu. Position à 14h (info FM 92.30) : Ivan est centré au 11,9 Nord et 61,20 Ouest, à 35 miles au Sud-Est de Grenade. Il se déplace Ouest à 18 noeuds, avec une pression de 958 Hpa. Tout à coup, un bruit, un choc.............. couché par une rafale beaucoup plus forte que les autres, le bateau voisin, Bazar, dont le rouf est plus bas, est passé sous notre rail de fargue lorsque nous nous sommes redressé, et nous sommes sur ses chandeliers et balcons.............. Fred et Ben (Bazar) forcent et réussissent à faire s'éloigner Ti'Bouchon............... désolé Ben......... Le vent semble maintenant s'établir aussi fort que la plus forte des rafales... En face deux cargos d'environ 30 mètres, un en acier l'autre et en bois dérivent de plus en plus vers le fond de la baie (pas sur nous heureusement, mais sur des connaissances pour qui nous commençons à vraiment avoir peur). Puis après quelques minutes, le premier en acier se décroche et finit son demi-tour, il reste accroché par un bout qui ne tardera certainement plus à lâcher (il tiendra heureusement, car il est en fait échoué). Son voisin, à couple, suit le mouvement mais reste encore quelques minutes (dizaines de minutes ?) tenu... jusqu'à ce qu'une de ses amarre lâche... il fait en 3 secondes un 180 degré, et menace à nouveau les bateaux du fond de la baie... Fred me dit "Marie, il va y avoir une catastrophe !!!" Mais encore une fois, son demi tour ne touchera pas les voiliers du fond, il faut dire que deux d'entre eux sont au moteur et donnent toute leur puissance, ils réussissent dans une manip incroyable à s'avancer suffisamment pour ne pas être écrabouillé par les 2 monstres... Sur Ti'Bouchon, on stresse à mort, mais pour nous, tout va encore bien... A l'autre bout de la baie (au vent de Ti'Bouchon), on stresse aussi pour un voilier en acier arrivé tardivement et qui a été obligé de s'installer entre 2 bateaux pays (gros bateaux de pêche ou de transport locaux)... Ceux-ci dansent autour de lui et le menacent... A bord, apparemment, c'est la lutte pour maintenir le bateau... On ne peut rien faire pour lui et pour l'instant, on ne réalise pas ce qui va arriver quelques minutes plus tard... 15h. Panique à bord...... Un des bateaux pays vient de se décrocher... On saura plus tard, que c'est en fait le voilier en acier qui a du rompre ses amarres pour ne pas se faire broyer... Décision qui le libèrera lui mais qui maintenant NOUS menace... En effet, le monstre est maintenant lancé à pleine vitesse dans la baie et fonce... sur nous et nos voisins, dans le sens de la marche, avec une étrave tranchante très impressionnante (il va de soi qu'il n'y a personne à bord)... Heureusement, il s'arrête comme par enchantement, en fait il traîne son ancre et elle s'est prise dans un méli mélo d'autres chaînes et ancres des voiliers amarrés dans le coin. Ces voiliers concernés risquent de partir avec et la plupart d'entre eux sont alors obligés de couper et de jeter leurs chaînes et ancres afin de ne pas être emportés. Sur Ti' Bouchon, tout d'un coup la situation passe de dangereuse à vraiment catastrophique... avançant toujours plus vers nous il s'approche encore et encore. En quelques secondes, à bord de Bazar comme à notre bord, on se prépare à évacuer, et à aller dans la mangrove, espérant rejoindre la terre ferme à pied.... Bonjour l'angoisse...... Missa est mise malgré ses hurlements dans une touque étanche, au cas où nous devrions nager, et nous nous réfugions à l'avant des bateaux. Il faut nous voir, tous les quatre, à l'avant des deux bateaux, trempés sous la pluie et dans un vent monstrueux, regarder les bateaux pays s'approcher, alors que nos bateaux prennent des gîtes à plus de 45 degrés.....Un bateau américain voisin de Bazar à pitié de nous et nous propose de monter à son bord. Nous sautons dans l'annexe (Dieu merci on l'avait laissée gonflée !) et on se hisse sur Monnraker IV. Missa est terrorisé, moi je ne vaut pas mieux , Fred est transi de froid, on regarde Ti'Bouchon et Bazar se coucher lamentablement à chaque rafales, cela fait mal au coeur.... Quelques minutes plus tard, dans le fond de la mangrove, deux "fous" hollandais s'activent en annexe , en plein ouragan pour sauver Atlantis, voilier de 15 mètres en acier, qui risque d'être écrasé par le dangereux bateau pays. Les annexes poussent et manquent de s'envoler à chaque rafale... ils prennent des risques énormes, c'est vraiment très impressionnant... le pire c'est que leurs efforts n'ont pas été vains puisque ce monstre finit par se gaufrer non pas sur mais entre Atlantis et d'autres voiliers. Le pire semble être évité..... Notre calvaire s'arrête presque et nous commençons à souffler, les américains qui nous hébergent aussi... Mais ce n'est pas fini, deux autres gros bateaux pays nous arrivent dessus. Ils étaient placés face au vent eux aussi mais n'étaient pas suffisamment amarrés, leurs bouts ont lâchés, et ils ont commencé à entraîner des voiliers voisins qui s'étaient amarrés dessus... qui du coup pour se sauver ont du rompre les amarres des gros bateaux..... (merci les gars...). Les deux bateaux pays, attachés ensemble, commencent à dériver, se prenant comme le précédent dans toutes les ancres des voiliers situés sur leur passage. Les monstres avancent toujours, et commencent à se rapprocher dangereusement de nous. Selon l'intensité du vent ils se rapprochent ou s'éloignent. Mais encore une fois, ils passent, et nous évitent. "Ouf" pour nous, mais "Aie" pour les bateaux du fond, sur lesquels ils foncent directement. Ils percutent à faible vitesse, le voilier Atlantis, et l'échouent légèrement avant d'aller percuter les quatre autres voiliers situés derrières.... ils s'arrêtent enfin, sans doute par manque de profondeur. Heureusement, sinon ils auraient écrasé ces voiliers. A bord de Moonraker IV, nous regardons cela sans pouvoir agir. Le moteur est resté en avant marche durant tout ce temps, afin de s'écarter le plus possible du passage des monstres. Du coup, le voilier est complètement enfoncé dans la mangrove, mais au moins il est bien tenu ! Fred et Ben (Bazar) vont retendre les amarres des bateaux. Avant de revenir a bord, Fred m'avouera plus tard avoir pensé que c'était la dernière fois qu'il montait sur Ti'Bouchon.... moi je voyais déjà les hublots exploser et le bateau se remplir d'eau.... 17h30. Retour sur Ti'Bouchon, le vent semble s'être un peu calmé, et la nuit tombe, il faut regagner le bord. On pensait alors que c'était la fin....... A peine remonté, le vent reforcit alors qu'il à tourné, et repart de plus belle, ce n'est pas encore finit ! Toute la nuit on gîte sous l'effet des rafales. On essaye de garder le moral, on se relaie pour regarder dehors si d'autres bateaux ne se décrochent pas, et on prie pour que ça s'arrête vite vite vite ! Des infos s'échangent sur la VHF, des vents de 90 noeuds auraient été relevés en tête de mât, et 50 noeuds au niveau du pont... Mercredi 8 sept. 3h du matin. Le vent est toujours aussi fort, les rafales moins fréquentes. On est réveillé par une drôle de position du bateau : on est légèrement échoué et on reste dans cette position ! Heureusement Bazar reprend de l'ancre arrière et cela suffit à nous redresser tout les deux. Notre ancre la plus au vent ne nous tient plus, merci encore Bazar. Fred sort; dehors les deux hollandais risque-tout sont à nouveau à pied d'oeuvre sur leurs annexes, le vent ayant tourné, leurs nouveaux voisins (de bateau pays) les menacent à nouveau... ils luttent comme des acharnés. Encore une fois, ils arrivent tant bien que mal à éviter la catastrophe... 5h. Le jour se lève enfin, sur cette horrible nuit. Difficile réveil......on est encore sous le choc, mais on a jamais été aussi content de voir le jour. Le vent souffle encore mais s'est quand même atténué. La pluie le remplace, il pleut des trombes. Le spectacle n'est pas beau à voir. On aperçoit le voilier Atlantis maintenant complètement échoué, couché sur son flanc, et à côté de lui les cinq énormes bateaux pays et cargos qui ont dérapés, enfin encore derrière on distingue les mâts des voiliers qui étaient derrière, les mâts ne sont pas droits, les bateaux semblent échoués, le petit voilier de Mariette est carrément passé derrière tout les autres, les dégâts doivent être considérables.... 7h (info FM 92.30) : Informations sur GRENADE : l'île est dévastée, 12 morts, plusieurs centaines de millions de dollars de dommages, 90% de la surface touchée. Au même moment, branle bas de combat à bord. Le vent s'est bien calmé, sauf dans les rafales. Ti'Bouchon est complètement échoué, à peu près droit encore. La marée remonte petit à petit, on tire à mort sur les deux ancres arrières, en espérant que ça vienne, et on lâche des bouts de l'avant. Le but de la manoeuvre : faire reculer le bateau, s'éloigner de la mangrove, pour avoir plus de profondeur. On répète la manoeuvre régulièrement, et petit à petit ça vient. Encore une fois, c'est Bazar qui nous sauve, nous sommes solidement attachés à lui et seul son ancre arrière tribord nous retient tout les deux. Comme lui recule aussi pour se renflouer, il nous entraîne avec lui. Petit à petit, on recule. Position à 7h40 (infos RFI) : 12,4 Nord et 64,8 Ouest, déplacement 14 noeud vers l'Ouest, vents de 120 noeuds au centre, rafales à 145 noeuds, pressions de 948 hPa. Prévu à 14h TU par 13,1 Nord et 67,2 Ouest, 6h TU par 14,2 Nord et 70,1 Ouest. 12h. Ça y est, Ti'Bouchon est à flot, on flotte ! On reste amarré bien sûr, impossible de partir, un gros cargo/pétrolier s'est échoué à l'entrée de la mangrove.... et nos deux ancres sont mélangés avec probablement beaucoup d'autres ! Bonjour le bordel pour tout dégager ! Certains disent déjà qu'il sera difficile de ressortir toutes les ancres....et dire qu'on vient d'acheter d'occase la nôtre il y a 2 semaines...... On attend d'avoir des nouvelles de la baie avant d'y aller, la houle est-elle grosse, le vent a t-il faibli suffisamment? Pour l'instant, aucun voilier ne sort. Les bateaux pays, et derrière eux les mâts penchés des voiliers..... le voilier Atlantis au premier plan, échoué / Le démêlage des ancres.......Jeudi 9 sept. Bilan des courses pour Ti'Bouchon : un taquet arrière déformé par la tension des ancres. Le mât à tenu donc le test est bon pour le nouvel haubanage ! Cela nous a aussi permis de voir que nous étions plus que léger au niveau amarres ! Nous avons fini avec des bouts d'amarres accrochés les uns aux autres pour arriver à une longueur de 10 mètres seulement, notre voisin avait lui des amarres de 60 mètres ! Au niveau ancres, heureusement qu'on venait d'en acheter une deuxième, et une troisième serait vraiment pas de trop ! Bref, il n'y a pas vraiment vraiment de leçon à tirer de tout ça. Une chose est sur : le facteur chance a énormément joué. Nous avons fait tout ce qu'il fallait, on aurait pu faire encore plus mais si le vent avait été différent, venant d'une direction différente, tout aurait été différent. On gîtait parce qu'il venait de l'Est, on ne tenait que sur une seule ancre du coup, mais si il était venu du Nord on aurait tiré plutôt sur les amarres donc peut être mieux tenu........Et si les bateaux pays ne s'étaient pas détachés, tout aurait été différent. On aurait aussi pu très bien descendre à Grenade vu les premières prévisions de la trajectoire du cyclone, comme l'ont d'ailleurs fait certains voiliers de Cariacou............... En tout cas une chose est sûr, le danger est vraiment venu des bateaux pays mal amarrés et livrés à eux même (personne à bord), de plus de taille énorme, avec donc une prise au vent terrible. 13h. On sort. On quitte la mangrove, et tous ces horribles souvenirs, retour dans la baie, vive l'eau bleue, même si elle est encore trouble. Une très longue houle nous attend, le vent reste raisonnable mais souffle quand même. Première sortie à terre. La route est ensablée, les magasins en bord de mer ensablés aussi. Il n'y a plus d'électricité. Le téléphone marche partiellement. Internet ne fonctionne plus. Des toits se sont envolés et se retrouvent sur la plage. Jours suivants. On essaye tant bien que mal d'obtenir des infos, mais il n'y a plus Internet, ni de radio sur Grenade, les nouvelles proviennent de quelques "rescapés" qui arrivent de Grenade à Cariacou. L'oeil du cyclone est passé au sud de Grenade, sur toutes les baies réputées très abritées, et sur la capitale de Saint Georges. D'après les dernières infos, Prikcly Bay a été rasé... les 200 voiliers sortis sur le chantier (ouvert il y a à peine quelques mois) sont tombés de leurs supports et bien sûr abîmés........ les bateaux de la baie ont coulés ou ont disparus au large............... Dans la baie de St Georges la quasi-totalité des voiliers seraient coulés ou jetés à terre. Port Egmont, l'abri anti-cyclonique le plus réputé des Antilles, aurait été à la hauteur : sur la cinquantaine de voiliers présents, seulement deux ont coulés. L'île serait dans un état épouvantable, l'insécurité est présente, de nombreuses agressions et pillages (même de bateaux) ont été recensés, un couvre-feu est instauré. Tous les voiliers encore en état de marche ont fui et sont venu se réfugier à Cariacou. Tous disent qu'il ne faut absolument pas se rendre à Grenade pour le moment. Après avoir quitté Grenade, Ivan a continué sa route à l'Ouest, au large du Venezuela, puis est remonté au Nord et est passé sur la Jamaïque. Il y aurait eu 19 morts. Le bilan pour toute la Caraïbe fait état de 46 morts. Il est prévu qu'il se dirige vers Cuba puis la Floride. Il est maintenant classé en ouragan force 5, et sera probablement le plus important ouragan de la décennie. Quand à nous, nous ne savons pas trop quoi faire pour la suite du programme, puisque nous devions nous rendre à Grenade..... Pour l'instant, il n'y a pas de nouvelle menace, mais tout le monde flippe, on ne parle que de cela... Heureusement, sur Ti'Bouchon, on a la météo, la vraie (cartes reçues par fax), pas celle de "radio mouillage" ou chacun prédit le pire et le meilleur sans jamais avoir d'information fiable...("y a truc qui m'a dit que ..."). Bref, Venez ou pas, rester ici ou pas, remonter ou pas, que faire? Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les cyclones : Trucs & Astuces MC & FF |
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